Un bref résumé de ma carrière professionnelle

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#DOSTITRE
J'ai eu la chance, jeune avocat qui n'avait pas fait de pénal, après avoir été secrétaire de conférence, d'être commis d'office pour défendre de jeunes mis en examen dont certains étaient plus âgés que moi.

J'ai également eu la chance de plaider avec des êtres exceptionnels que je tiens pour mes pères spirituels : Philippe Lamouroux et Alain Furbury, dont le hasard, ça ne s'invente pas, était pour l'un originaire de Dordogne et l'autre du Cantal. S'en sont suivi des dizaines de plaidoiries à leur côtés dans des affaires sanglantes mais avocaturement intéressantes, dont la première qui m'a marqué à tout jamais : un jeune homme gitan, de mon âge, que j'avais défendu avec Me Jean-Louis Pelletier, a entendu les réquisitions du parquet général voulant l'éradiquer en le condamnant à perpétuité.

C'est dans ces cas-là, outre l'angoisse, que l'on vit totalement le rôle du défenseur en matière pénale. Il faut être capable, quelque soit le stress, quelle que soit l'angoisse, quels que soient les faits objets de la procédure, de trouver un moyen pour convaincre des jurés populaires que la vie d'un jeune peut lui permettre de ne pas subir l'infamie absolue de devoir croupir dans une maison d'arrêt.

Cette première expérience en a été suivie par d'autres, dont une dont je me souviendrai toute ma vie : j'avais été désigné d'office par mon batonnier pour défendre un malade ayant subi des narcoses et qui n'avait qu'un désir, celui de tuer son psychiatre. Arrivé à Purpan en solex et avec une arme, il avait essayé de trouver son médecin, qui n'était pas là, mais il a tiré sur une infirmière et sur un agent d'entretien, peignant du haut de son échelle, les murs du couloirs.

Tout ceci serait dérisoire, si, alors que l'audience s'était à peu près bien passée, cet homme, à la question du Président, n'avait pas demandé à vouloir voir ses victimes. Celles-ci sur fauteuil roulant, étaient dans la salle, se sont approchées et se sont fait expliquer par des hurlements que ce qu'elles avaient vécu était dérisoire comparé aux narcoses subies.

Une autre affaire qui m'a marqué, beaucoup plus dérisoire, s'était déroulée devant une cour d'assises qui n'était pas de mon ressort, et où mon client avait relevé appel parce que, n'ayant donné que 24 coups de couteaux, il considérait que les 25 ans de réclusion qui lui avaient été infligé était une ignominie.

Ces quelques relations de dossiers merveilleux, pour moi professionnellement plus que pour les clients - plus difficiles - m'a définitivement convaincu qu'une autre profession que celle d'avocat ne me serait possible d'exercer, raison pour laquelle en ce début d'année 2015, après le drame de Charlie, j'avais écrit un texte que vous retrouverez dans mes billets d'humeur pour permettre à chacun de le lire.