Intime séduction

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#DOSTITRE
Au bout de 35 ans de vie professionnelle, je me suis interrogé sur les conditions dans lesquelles il était possible d'obtenir une relaxe des clients que je défends.

Je n'ai jamais pensé que seul le droit, hormis sur des nullités de procédure, pouvait satisfaire la juridiction qui renverrait les mises en examen sans peine ni dépens. Allant au-delà de cette réflexion primaire, j'ai réfléchi encore et j'en suis venu à me dire que ce qui débloque la volonté de la juridiction de relaxer ou de condamner douceureusement le mis en examen est la capacité de séduire cette juridiction, non pas en leur disant absolument tout ce qu'ils veulent entendre, mais en permettant de dire que le mode de défense présenté est séduisant, intéressant et peut-être réaliste.

De tout cela m'est venu l'idée d'écrire un article que j'ai publié au début de l'année 2015 et que j'ai soutenu à l'ENM (Ecole Nationale de la Magistrature) à Paris : qui m'a permis d'écrire que ce que d'aucuns appelle l'intime conviction, s'apparente de fait à une intime séduction.

Cet article a été publié dans les annales psychiatriques au début de l'année 2015 et mérite certainement que j'ai le temps d'y revenir pour permettre d'expliquer aux juges, aux avocats et aux jurés que la justice pénale étant une justice d'homme, savoir plaire pour satisfaire le désir des juges est la voie royale pour triompher dans des audiences parfois difficiles.

L'humanité, la loyauté, qui sous-tendent cette théorie sont extrêmement utiles et devraient faire partie de l'enseignement dispensé aux jeunes avocats pour qu'ils limitent leur recours aux juridismes étroits, de même que la citation des textes ne permettent que très exceptionnnellement d'obtenir une décision définitivement satisfaisante.

De la même façon après mes 35 ans de vie professionnelle à Toulouse, je me suis aperçu que voyager dans d'autres villes et dans d'autres pays était une démarche extrêmement salutaire pour éviter de sombrer dans la médiocrité. L'autre n'est pas seulement l'ennemi sartrien, mais l'autre est également le compagnon de route, puisque l'activité professionnelle est la même et le désir de bien faire, identique. A cela, hélas !, vient se poser une limite difficilement contournable qui est la multiplication des techniques procédurales, qui prive l'essentiel de la vie d'avocat de ce pourquoi nous avons choisi la profession. Défendre un homme n'est pas seulement digérer les textes, défendre un homme, c'est respecter d'abord son humanité.

Curieusement, à la fin de la présente année civile, le barreau de Paris organise un colloque sur l'indispensable recours à la plaidoirie, colloque bien évidemment auquel je participerai.

Au delà de ces remarques, l'année 2014 a été vécue, par mon cabinet, par de fréquents déplacements à Paris et à Bruxelles, outre Mayotte, île de rêve dans laquelle je vais toujours.